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Ce n'est pas une bonne semaine pour la Belgique. Deux institutions européennes majeures - l'EMA et l'Autorité bancaire européenne (EBA) - se voient forcées de quitter Londres pour cause de Brexit. Ce n'est pourtant pas vers Bruxelles qu'elles iront.19 États membres ont posé leur candidature. En plus des besoins logistiques, l'EMA a également pris en compte les souhaits de son personnel, soit environ 800 employés. Chacun a reçu un vote, ce qui signifiait la fin de certaines candidatures avant même le premier tour puisque, notamment, certaines villes n'avaient pas d'école européenne pour les enfants des employés ou parce que ces écoles étaient difficiles à atteindre. L'Europe elle-même avait fixé un certain nombre de conditions. Ainsi, l'EMA et l'ABE ne pouvaient pas être assignées au même État membre.Certains pays avaient inclus beaucoup de promesses dans leur candidature pour répondre aux attentes de l'EMA. Certains pays ont promis des avantages fiscaux, d'autres - à l'instar des Pays-Bas avec Amsterdam - ont promis que des travaux immobiliers seraient immédiatement effectués afin que les employés de l'EMA puissent trouver un logement agréable (qui soit en plus abordable pour l'EMA). Les Pays-Bas ont également promis de construire une école proche de l'EMA pour satisfaire les besoins de formation des enfants des employés.Le sprint final s'est déroulé entre Milan, Amsterdam et Copenhague. Milan et Amsterdam ont terminé par un troisième tour ex-aequo, qui a finalement vu Amsterdam émerger grâce au siège de l'EMA, à qui la décision finale revenait.La ville hollandaise est ravie d'accueillir l'Agence. Cela ne tient pas seulement à l'institution seule, mais aussi à toutes les autres institutions qu'elle ne manquera pas d'emmener dans son sillage. Par exemple, chaque société pharmaceutique possède un département à Londres, siège actuel de l'EMA. Les contacts entre ces départements et le siège de l'EMA sont fréquents et cruciaux, notamment pour l'octroi des licences de mise sur le marché européen des médicaments. On donc peut supposer que tous ces départements déménageront également à Amsterdam.En outre, pratiquement tous les organismes accrédités (notified bodies) sont situés à Londres. Car les médicaments ne sont pas les seuls à devoir être autorisés. C'est également le cas de nombreux autres produits et matériels de santé non couverts par la loi sur les médicaments. Il suffit de penser aux valves cardiaques, aux implants mammaires, aux stents et aux prothèses de hanche ... mais aussi aux seringues et même aux pansements humides. Avant d'arriver sur le marché, ce matériel doit être inspecté et approuvé par un notified body. Après le Brexit, ces notified bodies devront également quitter Londres puisque l'Europe affirme que les institutions qui produisent une marque de qualité européenne doivent être établies en Europe. Quoi de plus logique pour ces organismes que de rejoindre Amsterdam pour des raisons pratiques ?Au total, cela représente des dizaines de milliers de nuitées par an pour Amsterdam, quelques milliers de résidents permanents (et bien payés), avec toutes les conséquences pour l'industrie hôtelière et l'industrie du tourisme que cela implique.L'EBA installera quant à elle ses quartiers à Paris. Dublin était dans la course depuis longtemps mais a perdu - comme Milan pour l'EMA - dans le tirage au sort final. Ici aussi, Bruxelles n'a pas survécu au premier tour. Seul Francfort était aussi dans la course. Même Luxembourg - un candidat très sérieux en raison d'une longue histoire financière - n'est pas parvenue au second tour.