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Corilus a racheté Epicure. De quoi susciter quelques frayeurs, surtout du côté francophone de la Belgique (réaction du GBO : NDLR). La position dominante de CareConnect, le plus grand pack DMI de Corilus, est en effet souvent critiquée.Corilus mène depuis quelque temps une politique radicale. Cette année, elle a décidé d'augmenter fortement (de près de 40%) le prix de CareConnect et supprimé la plupart des packs pour généralistes en sa possession : Medigest, Accrimed, et même le pack souvent cité en exemple, Medidoc. Argument invoqué : la base technologique de ces logiciels était dépassée.Les utilisateurs d'Epicure risquent bien de voir disparaître leur pack habituel. En 2011, Corilus a repris Sosoeme, software qui, entre-temps, a disparu du marché.Passer d'un pack de logiciels à un autre n'est pas une mince affaire. Il faut toujours prier pour que la transition des données du patient vers le nouveau pack se passe sans heurt. Des données patiemment collectées au fil des ans. Les médecins qui ont dû se soumettre à un tel transfert par le passé en gardent de mauvais souvenirs.Il y a quelque temps, Corilus a également racheté Medibridge et donc Medimail, le seul concurrent direct de Hector, encore un produit de Corilus. Hector était gratuit pour les médecins jusqu'à l'année dernière. Ce n'est plus le cas. Medimail a été supprimé. Plus possible d'opter pour ce pack donc.De nombreux médecins ainsi que leurs organisations ne comprennent pas ces augmentations de prix. Pourtant, le problème n'est pas tant que Hector soit aujourd'hui payant, mais plutôt qu'il ait été gratuit par le passé.Certains reprochent à Corilus de faire payer aux médecins la note de la transmission des données sécurisées, alors que c'est aux autorités de s'en charger. Cette critique est infondée.Corilus maintient, pour l'instant, le circuit Medibridge en place, ce qui offre une alternative aux serveurs de la plateforme e-Health. Vous ne payez pas non plus Corilus pour la transmission des données. Vous pouvez envoyer les documents dans la eHealthBox via une application du web.Tous les packs de logiciels doivent être en mesure d'envoyer et de recevoir des messages via la eHealthbox.Toutefois, Hector offre des possibilités que l'autre option ne permet pas. Il est difficile de savoir si vous payez trop pour ce service, car il n'existe pas de points de comparaison. Aux autres producteurs de monter dans le train et d'offrir un produit moins cher. Ou meilleur. Ou tout simplement autre chose. C'est bien de faire des choix.Il ne faut peut-être pas trop de choix non plus. En 2013, quinze packs pour généralistes se sont vu attribuer un label par les autorités. Cette compartimentation a alors été vue comme un problème. De nombreux packs n'ont pas pu développer de base financière assez solide pour relever les défis liés au secteur : demande toujours plus grande d'échange des données, sécurité, demande de mobilité, exigences posées par l'Europe par rapport à la protection de la vie privée, etc. Pas facile pour une petite entreprise pionnière et sa poignée de développeurs de tenir le coup dans cet environnement.Le paysage des softwares est en train de se redessiner. Lors du prochain cycle de labellisation, il y aura vraisemblablement moins de packs dans la course. Il en faudra encore suffisamment, cela va de soi. Espérons juste qu'on évitera une situation à la Hector et ses packs DMI. Pour certains, ce serait une raison pour que les autorités contrôlent davantage Corilus. Pourquoi ? Parce qu'elle propose des produits qui ont leur place sur le marché ?Concentrons-nous plutôt sur la diversité des produits proposés. En plus de Windoc, CGM a également Daktari dans sa besace. Quant à HDMP, celle-ci aurait dépoussiéré HealthOne. Et nous ne sommes certainement pas au bout de nos surprises.Un forum devrait être créé pour que les généralistes puissent échanger sur les différents packs, comparer les produits, juger des différences, choisir en connaissance de cause et ne pas forcément opter pour la solution classique et soi-disant la plus sûre. Une mission pour les organisations de médecins, les syndicats ou le monde académique ?Il n'est pas aisé de savoir si on paie le prix juste. Encore moins quand on n'a pas de points de comparaison. Peut-être les généralistes et leurs représentants doivent-ils surtout exiger d'en avoir pour leur argent. Ce qu'il faut, ce sont des mises à jour régulières, un helpdesk accessible qui trouve des solutions adaptées, un mécanisme - un club par exemple - qui permettrait aux utilisateurs de participer au développement du pack, en toute transparence. Un contrôle clair des données du patient, avec des garanties contractuelles qui permettent de savoir de quoi il retourne précisément.Wouter Colson