La patiente qui a consulté pour une infection ORL et à qui un traitement a été prescrit, est retournée au service des urgences le lendemain parce que sa plainte était toujours présente malgré le traitement... Un autre patient, qui a consulté le médecin généraliste de garde le samedi, me rappelle le lundi, inquiet de ce que le traitement prescrit au cours de la garde ne l'a pas débarrassé totalement de son problème. Ces situations sont banales en service d'urgence et en médecine générale : les gens veulent être guéris et soulagés en un claquement de doigts. Combien de fois me suis-je retrouvée à devoir expliquer à une personne récemment opérée que le fait d'être renvoyée à son domicile le soir de l'intervention ne signifie pas que tout est déjà cicatrisé et qu'elle peut reprendre ses activités directement comme si de rien n'était ?

Le corps de nos ancêtres

Dans nos sociétés occidentales, où tout va de plus en plus vite (quitte à ne plus voir vers quoi l'on se dirige, mais c'est un autre sujet), efficacité devient synonyme de rapidité. Pourtant le corps humain lui, fonctionne toujours physiologiquement et métaboliquement de la même manière que celui de nos ancêtres. Pendant longtemps, avant que la médecine ne se fonde sur les sciences exactes (et loin de moi l'idée de regretter cette évolution car c'est grâce aux sciences exactes, dites dures, que notre science médicale a pu progresser), une grande partie du traitement, en dehors de remèdes empiriques, consistait à mettre le patient au repos, c'est-à-dire au lit, avec des conseils d'alimentation (allant de la diète à la suralimentation) et le malade savait qu'il lui faudrait du temps pour se rétablir.

Le repos est un remède devenu coûteux et que les médecins ne prescrivent plus sans qu'on ne les culpabilise.

On utilisait même un terme disparu du vocabulaire médical actuel : convalescence, désignant la période de transition entre la fin d'une maladie et de son traitement et la récupération par le malade de ses forces et de son état de santé antérieur. Actuellement les patients espèrent être guéris avant même la fin du traitement, quant à la convalescence, elle est devenue une notion obsolète, incompatible avec notre mode de vie actuel.

Le repos est un remède devenu coûteux et que les médecins ne prescrivent plus sans qu'on ne les culpabilise. D'ailleurs, on ne prescrit pas du repos mais une période d'incapacité, c'est-à-dire d'inefficacité pour la société et qui se doit donc d'être la plus courte possible, et s'il n'y en a pas c'est encore mieux. Les durées d'hospitalisation sont de plus en plus brèves et le renvoi au domicile ne tient pas toujours compte des conditions de vie du patient chez lui. Décisions prises par un pouvoir qui ne sait pas comment vivent les gens qu'il gouverne. Les considérations budgétaires jouent un rôle dans la manière de prendre en considération le temps de guérison d'une pathologie.

Lorsqu'on parle du temps en médecine on évoque immanquablement les durées de consultations trop courtes pour le patient, les journées de consultation trop longues pour le médecin. Pourtant la réussite ou l'échec d'un traitement n'implique-t-il pas que l'on prenne le temps d'expliquer au patient que guérir nécessite un certain temps et qu'on puisse lui laisse ce temps ?

La patiente qui a consulté pour une infection ORL et à qui un traitement a été prescrit, est retournée au service des urgences le lendemain parce que sa plainte était toujours présente malgré le traitement... Un autre patient, qui a consulté le médecin généraliste de garde le samedi, me rappelle le lundi, inquiet de ce que le traitement prescrit au cours de la garde ne l'a pas débarrassé totalement de son problème. Ces situations sont banales en service d'urgence et en médecine générale : les gens veulent être guéris et soulagés en un claquement de doigts. Combien de fois me suis-je retrouvée à devoir expliquer à une personne récemment opérée que le fait d'être renvoyée à son domicile le soir de l'intervention ne signifie pas que tout est déjà cicatrisé et qu'elle peut reprendre ses activités directement comme si de rien n'était ?Dans nos sociétés occidentales, où tout va de plus en plus vite (quitte à ne plus voir vers quoi l'on se dirige, mais c'est un autre sujet), efficacité devient synonyme de rapidité. Pourtant le corps humain lui, fonctionne toujours physiologiquement et métaboliquement de la même manière que celui de nos ancêtres. Pendant longtemps, avant que la médecine ne se fonde sur les sciences exactes (et loin de moi l'idée de regretter cette évolution car c'est grâce aux sciences exactes, dites dures, que notre science médicale a pu progresser), une grande partie du traitement, en dehors de remèdes empiriques, consistait à mettre le patient au repos, c'est-à-dire au lit, avec des conseils d'alimentation (allant de la diète à la suralimentation) et le malade savait qu'il lui faudrait du temps pour se rétablir. On utilisait même un terme disparu du vocabulaire médical actuel : convalescence, désignant la période de transition entre la fin d'une maladie et de son traitement et la récupération par le malade de ses forces et de son état de santé antérieur. Actuellement les patients espèrent être guéris avant même la fin du traitement, quant à la convalescence, elle est devenue une notion obsolète, incompatible avec notre mode de vie actuel.Le repos est un remède devenu coûteux et que les médecins ne prescrivent plus sans qu'on ne les culpabilise. D'ailleurs, on ne prescrit pas du repos mais une période d'incapacité, c'est-à-dire d'inefficacité pour la société et qui se doit donc d'être la plus courte possible, et s'il n'y en a pas c'est encore mieux. Les durées d'hospitalisation sont de plus en plus brèves et le renvoi au domicile ne tient pas toujours compte des conditions de vie du patient chez lui. Décisions prises par un pouvoir qui ne sait pas comment vivent les gens qu'il gouverne. Les considérations budgétaires jouent un rôle dans la manière de prendre en considération le temps de guérison d'une pathologie.Lorsqu'on parle du temps en médecine on évoque immanquablement les durées de consultations trop courtes pour le patient, les journées de consultation trop longues pour le médecin. Pourtant la réussite ou l'échec d'un traitement n'implique-t-il pas que l'on prenne le temps d'expliquer au patient que guérir nécessite un certain temps et qu'on puisse lui laisse ce temps ?