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Le voyage au Spitzberg était déjà la quatrième expédition du Dr Debie avec Le Grand Nord, après la Finlande et deux autres sorties en Norvège." Nous sommes partis au Spitzberg la dernière semaine de mars, assez tôt dans l'année donc. L'idée était de voir la lumière bleue, la transition entre la lumière d'hiver et celle d'été. Normalement, cette expédition a lieu en avril, quand il fait jour 24h sur 24. Mais en mars, il faisait encore nuit à deux heures du matin, et donc extrêmement froid. "La grande nouveauté dans cette expédition pour notre cardiologue, c'est que l'équipée dormait cette fois-ci sous tente et non dans des huttes. Sept nuits sur la glace. " C'était une toute autre expérience, car une bonne partie du temps était consacrée à monter et démonter le camp. Dans une hutte, il suffit d'allumer le feu et dix minutes plus tard, vous êtes installés et au chaud. "Un week-end de préparation a précédé l'expédition. " Monter une tente, je savais déjà le faire, mais pas dans des conditions aussi extrêmes. Cette préparation tombait donc à point. Cela m'a aussi permis de faire connaissance avec les autres participants. "Un tel voyage nécessite-t-il des précautions particulières? " Pas vraiment. Le matériel était entièrement fourni par l'organisation. Tout était réglé comme du papier à musique. Il faut bien sûr avoir une bonne condition physique et être sportif. Et ne pas faire la chiffe molle face au froid glacial (rires). "L'expédition a commencé par une virée en scooter depuis la capitale, Longyearbyen. " Nous avons roulé pendant trois heures, nous éloignant petit à petit du monde civilisé. "A l'arrivée au camp de base, la tempête faisait rage, raconte le docteur Debie. " Nous avons passé 24h à attendre dans la tente que ça se calme. "Au programme de ce voyage : 12 km par jour de trekking. " Lors des sorties précédentes, où nous dormions dans des huttes, nous parcourrions parfois 27 km par jour, mais ici, il fallait compter deux à trois heures d'installation et de désinstallation. "A côté des tentes, un tipi était également installé pour cuisiner et manger. " nous devions à chaque fois creuser le sol pour pouvoir nous asseoir facilement. Tout cela demandait de l'énergie. D'autant plus que la tempête avait aplati notre tipi comme une crêpe. "Pour évoluer dans les paysages glacés du Spitzberg, il fallait des skis de fond, doublés de peaux de phoque, pour ne pas glisser en arrière dans les montées. " Chaque participant avait sa propre pulka (ou traineau, ndlr) avec son matériel. Les deux femmes du groupe dormaient ensemble dans une tente, répartie entre les deux pulkas. Il fallait aussi transporter les taques de cuissons, l'essence et la nourriture - celle du chien y compris. Celui-ci nous accompagnait pour nous prévenir de la présence d'ours polaires... " Un fusil venait compléter l'équipement obligatoire. " Au final, nous n'avons pas vu d'ours, mais bien des empreintes fraîches au court du dernier jour. "Une pulka pèse facilement entre 30 et 40 kilos. " Pas si difficile à tirer en fait, surtout que le poids diminue au fur et à mesure du périple. "Et comment cuisiner par des températures aussi basses ? " C'est de le nourriture en boîtes. On ne peut donc pas vraiment parler de cuisine. Pour les expéditions précédentes, c'était différent. Nous avions du saumon frais, des tartes glacées, des boissons fortes... On se baladait constamment avec notre frigo derrière nous. De plus, dans les huttes, il y a tout pour préparer un super repas. "Pour ceux qui se poseraient la question: Est-il possible de se doucher lors d'un voyage comme celui-là? " On ne se lave pas pendant une semaine. Vous pouvez emmener des lingettes humides, mais vous devez alors les transporter sur vous, afin qu'elles ne gèlent pas. Pour le reste, il faut juste emmener deux pantalons propres et c'est à peu près tout... ""Les nuits se sont assez bien passées", estime le docteur Debie. " En dépit du froid et du bruit du vent, j'ai toujours réussi à m'endormir, mais avec des sous-vêtements thermiques bien sûr, et parfois même avec ma doudoune, en plus de mon sac de couchage en duvet."Ce n'est tout de même pas une partie de plaisir, avouons-le. " Personnellement, j'adore ça et je repartirais quand vous voulez. Il faut pouvoir souffrir un peu parfois pour voir des choses exceptionnelles. Il y avait encore plus de montagnes et de variations que ce que j'avais imaginé. À mes yeux, ça n'a jamais été monotone. De plus, j'adore le froid et la neige. "Au quatrième jour, le malheur a pourtant frappé... " J'ai dû être évacuée à cause de mes orteils gelés. C'était vraiment affreux. J'étais très déçue. Mais le vol en hélicoptère était à couper le souffle. De retour à la capitale, j'ai passé un jour à l'hôpital, le temps que mes orteils dégèlent. Toute la peau a dû se régénérer et mes ongles ont ensuite repoussé. J'ai passé le reste de la semaine à l'hôtel à attendre le retour de l'équipe. Je ne pouvais pas faire grand chose, vu que je ne pouvais pas marcher. Heureusement, mes orteils sont complètement guéris à présent. Ils sont toujours bien accrochés à mon pied (rires). "" Le reste du groupe a aussi énormément souffert ", poursuit le docteur Debie. " La température tournait autour des - 25°, avec un énorme taux d'humidité. Le but était de marcher en direction de la côte Est, car c'est là que l'on a le plus de chances de voir les ours polaires. Mais la proximité de la mer amène beaucoup de condensation, au point qu'il est quasiment impossible de dormir au sec dans son sac de couchage. " Un autre belge a d'ailleurs dû être évacué, également suite à des gelures. J'étais contente de ne pas être la seule..."Veerle Caerelsphotos: www.marievandekerckhove.com