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Durant tout l'été, le journal du Médecin est allé à la rencontre de médecins de famille. Non pas de médecins généralistes, mais bien de médecins de famille, comme on dit aux quatre coins du monde - au Canada, au Vietnam, en Guinée et au Portugal - mais rarement en Belgique francophone. Chez nous comme en France, on parle plus volontiers du médecin généraliste, de médecine générale (notez qu'en Flandre, le problème se pose moins étant donné qu'on parle de huisarts - " médecins de maison ")." Dans la langue française, on trouve la définition suivante du spécialiste dans le champ médical: 'par opposition à généraliste : médecin qui se consacre d'une manière exclusive à une branche particulière de la médecine' ", analyse le Dr Jean-Luc Belche dans sa thèse consacrée à l'intégration entre lignes de soins. " Si l'on suit cette définition, un médecin généraliste serait donc un médecin qui n'est pas spécialiste, et qui n'appartient donc pas une spécialité en tant que telle. "" Continuer à utiliser le terme " généraliste ", c'est entretenir la définition en négatif, par défaut, par rapport aux spécialités, sans préciser les spécificités de la profession ", estime le Dr Belche. " On remarquera aussi que la différenciation positive qui s'exprime par le choix d'un terme qui met en avant les spécificités de la médecine générale concerne les pays où la médecine générale a été plus précocement reconnue et valorisée, au niveau du système de santé et des institutions académiques (Angleterre, Pays-Bas). "Un sentiment que l'on retrouve par exemple en Guinée où un médecin généraliste est un médecin " de base " (dixit). Un médecin de famille, par contre, est un " médecin généraliste ayant accompli quatre ans de spécialisation en médecine de famille ", une spécialité au même rang que la cardiologie par exemple.La langue française serait-elle trop ancrée dans la tradition ? Ce serait oublier les tentatives d'imposer d'autres vocables, tel " omnipraticien " qui ne s'est jamais imposé dans le langage.Il n'empêche qu'il faudrait peut-être que cela change. Pour que les mentalités changent. C'est bien le cas des associations internationales de médecins généralistes : la première association européenne à voir le jour à Vienne en 1959 se nomme ainsi Societas internationalis medicinae generalis. Plus tard, l'association prendra le nom de Wonca pour World organization of national colleges, academies and academic associations of general pratictionners/family physicians. Elle adopte désormais le terme de global family doctor.Si à l'échelle mondiale, les mentalités sont capables de changer, pourquoi pas en Belgique ?Laurent Zanella