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À l'âge de quatre ans, un enfant désigné par ses initiales "UD" fait sa première crise d'épilepsie. Malheureusement, aucun médicament ne parvient à le soulager et à empêcher ses crises et la maladie s'aggrave rapidement.Ayant découvert que l'épilepsie d'UD est due à une tumeur cérébrale logée dans son lobe temporal postérieur droit, les médecins décident de procéder à une ablation du foyer épileptique et donc de lui retirer tout son lobe occipital et les trois quarts de son lobe temporal, soit un tiers de l'hémisphère droit de son cerveau, laissant intacts deux des quatre lobes de cet hémisphère. L'enfant a six ans et neuf mois quand il est opéré.Une opération du cerveau n'est jamais un acte banal. Le lobe occipital contient le centre de la vision et permet la reconnaissance des visages et des formes. Le lobe temporal, quant à lui, gère de nombreuses fonctions cognitives dont l'audition, le langage et la mémoire. Au cours des trois années qui ont suivi la lobectomie temporale, les médecins ont suivi le petit garçon, en lui faisant passer régulièrement des IRM ainsi que deux séances distinctes de tests comportementaux.Désormais âgé de 11 ans, UD est complètement guéri de son épilepsie. Il ne présente aucun trouble cérébral. Et ce n'est pas tout : les médecins ont aussi remarqué que les parties cérébrales droites retirées au jeune garçon ont été compensées par la partie gauche de son cerveau, demeurée intacte et qui, elle, s'est réorganisée à mesure que l'enfant grandissait. Grâce à cette restructuration, UD présente des capacités intellectuelles et aptitudes au langage adaptées à son âge, et il est parfaitement capable d'identifier les objets et les visages. Le seul effet secondaire de la chirurgie est un déficit visuel situé dans sa vision périphérique gauche (hémianopsie). Il peut toutefois compenser la perte en tournant la tête, ou en bougeant les yeux.Ce résultat positif a été rendu possible grâce à la plasticité cérébrale, c'est-à-dire la capacité du cerveau à créer de nouvelles connexions et à s'adapter à l'environnement et aux expériences vécues par un individu. De plus, le jeune âge du patient y a sûrement contribué.L'âge est un facteur très important dans ce genre d'opération. Si une résection corticale partielle pour soigner une épilepsie reste rare (environ 4 à 6% patients de tout âge), elle présente toutefois un taux de réussite élevé lorsqu'elle est pratiquée chez les enfants car la plasticité de leur cerveau est bien meilleure. Et, plus la lobectomie est réalisée jeune, moins les effets secondaires se révèlent importants. A l'inverse, si l'on tarde, l'opération peut provoquer des retards mentaux.(Source : Cell Reports, 31 juillet 2018, doi :10.1016/j.celrep.2018.06.099)https://www.cell.com/cell-reports/fulltext/S2211-1247(18)31041-6