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Si les progrès de la robotique inquiètent parfois, il faut aussi reconnaître que cette discipline peut rendre de précieux services. C'est le cas avec cette opération chirurgicale inédite en Europe que vient de mener à bien le Dr Philippe Gorphe et son équipe de l'Institut Gustave Roussy de Villejuif, dans le Val-de-Marne, en Ile de France.Dans le cadre d'une étude visant à évaluer l'efficacité d'une nouvelle technique pour éviter les mutilations inhérentes à la chirurgie ORL, en l'occurrence une intervention robot-assistée par les voies naturelles, les chirurgiens sont parvenus à ôter une tumeur située dans le rhino-pharynx d'un homme de 28 ans et à lui sauver la vie."C'est typiquement le genre de tumeur qui auparavant soit ne pouvait pas être opérée du fait de sa localisation, soit pouvait l'être mais au prix de lourdes séquelles esthétiques et fonctionnelles pour les patients", a expliqué le Dr Antoine Moya-Plana, chirurgien ORL. Situé dans la partie supérieure de la gorge, entre l'arrière du nez et le voile du palais, le rhinopharynx est en effet une zone très difficile d'accès pour la main de l'être humain. De surcroît, sa proximité avec la base du crâne et les artères carotides en fait une zone sensible qui nécessite une grande précision. Précision que ne permettent pas les instruments chirurgicaux conventionnels.Jusqu'à présent, pour ce type de tumeurs, les patients étaient traités par radiothérapie, une technique qui a toutefois l'inconvénient d'irradier également les cellules saines alentours. Ou alors les chirurgiens ouvraient leur visage en deux (voie transfaciale) pour pouvoir accéder au rhinopharynx mais les séquelles opératoires étaient très lourdes et les résultats peu probants. Une variante de cette technique consistant à couper le palais en deux s'est ensuite développée mais les suites opératoires n'en étaient pas moins compliquées.Grâce au robot Da Vinci Xi, acquis par leur institut en novembre 2014, ainsi qu'une mini-caméra qui permet l'exploration visuelle de l'intérieur d'une cavité anatomique, les chirurgiens ont pu contourner la difficulté. Ils ont pris en étau la tumeur."En introduisant par la bouche les instruments du robot qui possèdent des angles d'attaque différents des instruments d'endoscopie classique et en faisant passer l'endoscope par le nez, nous avons pu retirer cette tumeur avec précision, sans que le patient n'ait de séquelles fonctionnelles importantes," a précisé le Dr Moya-Plana, bien sûr ravi de cette prouesse.