Dr Michel Dewever, directeur médical Delta, Thierry Strickaert
Dr Michel Dewever, directeur médical Delta © Thierry Strickaert

Le jdM: Pourquoi avoir construit un nouvel hôpital à Delta ?

- Michel Dewever : Construire un hôpital de taille moyenne, de près de 500 lits, avait un sens. Les sites Cavell et Parc Léopold ne pouvaient plus évoluer dans le paysage hospitalier actuel. Le Chirec avec ses trois hôpitaux (Delta, Sainte-Anne Saint-Remi et Braine-l'Alleud) se trouve, à Bruxelles et en Wallonie, dans une belle position pour négocier avec d'autres institutions hospitalières. Par ailleurs, les installations sur nos anciens sites bruxellois étaient vétustes. Il était temps de partir. Certaines chambres n'avaient pas de salle de bain. Un manque de confort que les patients n'acceptent plus.

- Le site Delta est le premier hôpital bruxellois "complet" du Chirec.

- En effet, c'est nouveau pour le Chirec. Nous passons de deux cliniques, qui prenaient surtout en charge des traitements programmés, à un hôpital. Cette transformation n'a pas été facile à comprendre par tous nos médecins. Notre volonté est de garder ce qui a fait la spécificité de notre institution et l'intérêt manifeste des patients pour notre médecine, tout en nous adaptant à la nécessité de soigner tout le monde, de proposer un SMUR et tous les services qui composent un hôpital général.

- Les médecins de Delta devront-ils dès lors répondre à des demandes de soins non-programmées ?

- Ils devront être encore plus disponibles. La disponibilité a été une force de notre institution. Les patients ont toujours pu toucher facilement les médecins de Cavell ou du Parc Léopold, entre autres, parce qu'ils ne sont pas accaparés par des tâches d'enseignement et de recherche. Notre défi sera de conserver cette disponibilité.

- Avez-vous dû engager de nouveaux spécialistes pour diversifier vos activités?

- Nous allons rester une importante maternité qui réalise près de 3.000 accouchements par an. Outre le Smur, nous allons développer la cardiologie interventionnelle (B2) en association avec un hôpital disposant d'un B3. Nous avons déjà engagé des cardiologues interventionnels.

- Pour équiper le nouvel hôpital, avez-vous investi dans du nouveau matériel, ou avez-vous pu récupérer des équipements déjà présents dans les deux cliniques ?

- Au départ, nous ne pensions acheter que du matériel neuf mais nous nous sommes rendus compte que ces dernières années, nous avions acquis beaucoup d'équipements de pointe en radiologie, chirurgie... Nous avons conservé des respirateurs neufs. Récupérer du matériel plus ancien complique le déménagement. Nous nous sommes équipés de deux nouveaux accélérateurs pour la radiothérapie, d'une nouvelle IRM, de deux scanners, d'une gamma-caméra, d'un brain-lab pour la neurochirurgie, de microscopes opératoires de pointe, d'endoscopes...

- Le matériel médical partira avant les patients ?

- Oui, nous avons positionné le matériel dans les unités. Outre les 250 patients qui vont devoir changer d'hôpital en deux jours, il faudra aussi transporter les équipements et ce depuis le 1er décembre. Les patients quant à eux seront transférés ce week-end, le samedi pour Cavell, et le dimanche pour le Parc Léopold. Ils vont être rassemblés dans le hall des deux cliniques et puis transportés en ambulance vers le site Delta. Le matériel sortira d'un autre côté et sera apporté dans les services.

- Avez-vous dû réduire vos activités sur les deux sites ?

- Nous avons fermé temporairement les unités de traumatologie, de chirurgie bariatrique, d'orthopédie, la clinique de jour... Depuis le 1er décembre, il n'y a plus d'activités programmées ni au Parc Léopold, ni à Cavell, ce qui réduit le nombre de malades qui devront être conduits à Delta. Notre objectif est que tout le monde arrive sain et sauf dans le nouvel hôpital et que l'on puisse commencer à opérer dès mardi. La moitié de nos 28 salles d'opération hybrides fonctionnera la semaine prochaine. Puis, nous ouvrirons les autres salles mi-décembre.

- Tout sera-t-il terminé pour lundi?

- Certaines zones, non accessibles aux patients, devront encore être finalisées.

Mobilités interne et externe

- Est-ce facile d'organiser un tel transfert d'activités au niveau de la gestion du personnel ?

- Je passe beaucoup de temps à rassurer le personnel, dont certains membres sont inquiets. Les travailleurs changent d'hôpital mais doivent aussi modifier leurs trajets pour venir à l'institution.

- Un des atouts du site Delta est d'être desservi par les métros, trains, bus et, dans quelques mois, d'être directement lié par une passerelle à l'autoroute E421.

- Sur les 1.420 membres du personnel, nous avons calculé que près de 600 travailleurs peuvent se rendre au travail en transports en commun. Evidemment, les horaires de ces services sont conçus pour des horaires classiques, pas pour ceux, souvent décalés, des infirmier(ière)s, des technologues, des médecins... Nous allons devoir faire preuve d'une certaine flexibilité et de créativité. Nous pensons à proposer des vélos électriques, des navettes qui, en collaboration avec l'ULB et la VUB, feraient le tour de la Plaine, en partant de la gare d'Etterbeek. A l'avenir, il y aura aussi une piste cyclable entre la gare de Moensberg à Uccle et la gare de Delta.

- Les médecins généralistes bruxellois pourront-ils continuer à collaborer avec les polycliniques qui vont rester sur les sites de Cavell et du Parc Léopold après le déménagement ?

- Il est important de conserver cette continuité dans les polycliniques locales du Chirec. Sur le site d'Uccle, fin septembre 2018, il y aura quatre étages de consultation spécialisée et 25 cabinets médicaux. Entre-temps, nous aurons réaménagé ces locaux pour les 100 médecins qui vont y accueillir les patients. Il y aura également des cabinets de consultation au Parc Léopold. Pour renouveler les médecins du Chirec, il est nécessaire de maintenir des polycliniques sur nos anciens sites hospitaliers bruxellois et d'organiser l'hospitalisation à Delta. L'organisation d'une offre ambulatoire répond aussi à une attente des patients qui ne veulent pas "traverser le bois" pour se rendre à Delta.

Un vrai pouvoir d'attraction

- Le nouvel hôpital attire-t-il de jeunes médecins ?

- Au début, ils ont attendu de voir que le bâtiment sorte bien de terre. Depuis, ils manifestent un véritable engouement. Ils viennent de tous les horizons. Après avoir été accrédités par l'institution, ils pourront venir travailler dans un environnement ultra-moderne à Delta et, pourquoi pas, y faire carrière. Les plus âgés devront leur faire un peu de place.

- Quid du site de Sainte-Anne Saint Remi du Chirec situé à Anderlecht ? Le site Delta va-t-il lui faire concurrence ?

- Notre volonté est que nos sites ne se trouvent pas en situation de concurrence et qu'aucun d'entre eux ne soit déforcé par le départ de médecins vers d'autres sites hospitaliers.

Le jdM: Pourquoi avoir construit un nouvel hôpital à Delta ?- Michel Dewever : Construire un hôpital de taille moyenne, de près de 500 lits, avait un sens. Les sites Cavell et Parc Léopold ne pouvaient plus évoluer dans le paysage hospitalier actuel. Le Chirec avec ses trois hôpitaux (Delta, Sainte-Anne Saint-Remi et Braine-l'Alleud) se trouve, à Bruxelles et en Wallonie, dans une belle position pour négocier avec d'autres institutions hospitalières. Par ailleurs, les installations sur nos anciens sites bruxellois étaient vétustes. Il était temps de partir. Certaines chambres n'avaient pas de salle de bain. Un manque de confort que les patients n'acceptent plus.- Le site Delta est le premier hôpital bruxellois "complet" du Chirec.- En effet, c'est nouveau pour le Chirec. Nous passons de deux cliniques, qui prenaient surtout en charge des traitements programmés, à un hôpital. Cette transformation n'a pas été facile à comprendre par tous nos médecins. Notre volonté est de garder ce qui a fait la spécificité de notre institution et l'intérêt manifeste des patients pour notre médecine, tout en nous adaptant à la nécessité de soigner tout le monde, de proposer un SMUR et tous les services qui composent un hôpital général.- Les médecins de Delta devront-ils dès lors répondre à des demandes de soins non-programmées ?- Ils devront être encore plus disponibles. La disponibilité a été une force de notre institution. Les patients ont toujours pu toucher facilement les médecins de Cavell ou du Parc Léopold, entre autres, parce qu'ils ne sont pas accaparés par des tâches d'enseignement et de recherche. Notre défi sera de conserver cette disponibilité.- Avez-vous dû engager de nouveaux spécialistes pour diversifier vos activités?- Nous allons rester une importante maternité qui réalise près de 3.000 accouchements par an. Outre le Smur, nous allons développer la cardiologie interventionnelle (B2) en association avec un hôpital disposant d'un B3. Nous avons déjà engagé des cardiologues interventionnels.- Pour équiper le nouvel hôpital, avez-vous investi dans du nouveau matériel, ou avez-vous pu récupérer des équipements déjà présents dans les deux cliniques ?- Au départ, nous ne pensions acheter que du matériel neuf mais nous nous sommes rendus compte que ces dernières années, nous avions acquis beaucoup d'équipements de pointe en radiologie, chirurgie... Nous avons conservé des respirateurs neufs. Récupérer du matériel plus ancien complique le déménagement. Nous nous sommes équipés de deux nouveaux accélérateurs pour la radiothérapie, d'une nouvelle IRM, de deux scanners, d'une gamma-caméra, d'un brain-lab pour la neurochirurgie, de microscopes opératoires de pointe, d'endoscopes...- Le matériel médical partira avant les patients ?- Oui, nous avons positionné le matériel dans les unités. Outre les 250 patients qui vont devoir changer d'hôpital en deux jours, il faudra aussi transporter les équipements et ce depuis le 1er décembre. Les patients quant à eux seront transférés ce week-end, le samedi pour Cavell, et le dimanche pour le Parc Léopold. Ils vont être rassemblés dans le hall des deux cliniques et puis transportés en ambulance vers le site Delta. Le matériel sortira d'un autre côté et sera apporté dans les services.- Avez-vous dû réduire vos activités sur les deux sites ?- Nous avons fermé temporairement les unités de traumatologie, de chirurgie bariatrique, d'orthopédie, la clinique de jour... Depuis le 1er décembre, il n'y a plus d'activités programmées ni au Parc Léopold, ni à Cavell, ce qui réduit le nombre de malades qui devront être conduits à Delta. Notre objectif est que tout le monde arrive sain et sauf dans le nouvel hôpital et que l'on puisse commencer à opérer dès mardi. La moitié de nos 28 salles d'opération hybrides fonctionnera la semaine prochaine. Puis, nous ouvrirons les autres salles mi-décembre. - Tout sera-t-il terminé pour lundi?- Certaines zones, non accessibles aux patients, devront encore être finalisées. - Est-ce facile d'organiser un tel transfert d'activités au niveau de la gestion du personnel ?- Je passe beaucoup de temps à rassurer le personnel, dont certains membres sont inquiets. Les travailleurs changent d'hôpital mais doivent aussi modifier leurs trajets pour venir à l'institution.- Un des atouts du site Delta est d'être desservi par les métros, trains, bus et, dans quelques mois, d'être directement lié par une passerelle à l'autoroute E421.- Sur les 1.420 membres du personnel, nous avons calculé que près de 600 travailleurs peuvent se rendre au travail en transports en commun. Evidemment, les horaires de ces services sont conçus pour des horaires classiques, pas pour ceux, souvent décalés, des infirmier(ière)s, des technologues, des médecins... Nous allons devoir faire preuve d'une certaine flexibilité et de créativité. Nous pensons à proposer des vélos électriques, des navettes qui, en collaboration avec l'ULB et la VUB, feraient le tour de la Plaine, en partant de la gare d'Etterbeek. A l'avenir, il y aura aussi une piste cyclable entre la gare de Moensberg à Uccle et la gare de Delta. - Les médecins généralistes bruxellois pourront-ils continuer à collaborer avec les polycliniques qui vont rester sur les sites de Cavell et du Parc Léopold après le déménagement ?- Il est important de conserver cette continuité dans les polycliniques locales du Chirec. Sur le site d'Uccle, fin septembre 2018, il y aura quatre étages de consultation spécialisée et 25 cabinets médicaux. Entre-temps, nous aurons réaménagé ces locaux pour les 100 médecins qui vont y accueillir les patients. Il y aura également des cabinets de consultation au Parc Léopold. Pour renouveler les médecins du Chirec, il est nécessaire de maintenir des polycliniques sur nos anciens sites hospitaliers bruxellois et d'organiser l'hospitalisation à Delta. L'organisation d'une offre ambulatoire répond aussi à une attente des patients qui ne veulent pas "traverser le bois" pour se rendre à Delta.- Le nouvel hôpital attire-t-il de jeunes médecins ?- Au début, ils ont attendu de voir que le bâtiment sorte bien de terre. Depuis, ils manifestent un véritable engouement. Ils viennent de tous les horizons. Après avoir été accrédités par l'institution, ils pourront venir travailler dans un environnement ultra-moderne à Delta et, pourquoi pas, y faire carrière. Les plus âgés devront leur faire un peu de place.- Quid du site de Sainte-Anne Saint Remi du Chirec situé à Anderlecht ? Le site Delta va-t-il lui faire concurrence ?- Notre volonté est que nos sites ne se trouvent pas en situation de concurrence et qu'aucun d'entre eux ne soit déforcé par le départ de médecins vers d'autres sites hospitaliers.