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2018 est l'année de la prise de conscience. Pourquoi ? Remémorez-vous cet été. Ou contemplez plus généralement la moyenne des températures de cette année. Le thermomètre a battu quelques records. Pour preuve, chez nos voisins français, 2018 est l'année la plus chaude jamais connue en métropole depuis 1900. Et rappelons que la Terre a connu en 2014, 2015 et 2016 les années les plus chaudes depuis 1880.C'est dire la déception des Belges qui ont manifesté en masse en décembre de la défunte année. 75.000 personnes se sont réunies à Bruxelles pour que le gouvernement établisse une politique climatique plus juste dans notre pays. Pourtant, cela n'a pas suffi pour la Belgique intègre le cénacle des pays les plus ambitieux dans la lutte contre le réchauffement climatique. La Flandre a en effet refusé de soutenir le rehaussement de l'ambition européenne.Une véritable déception pour le célèbre climatologue Jean-Pascal van Ypersele. " Je suis déçu que la Belgique, suite à l'opposition de la Flandre, ne se soit pas jointe à la Coalition pour une ambition plus élevée, contrairement à bien d'autres pays voisins, et à la Chine entre autres. Cela montre peu de respect pour les 75.000 citoyens qui ont manifesté le 2 décembre ", pointe le chercheur néo-louvaniste. " C'est un calcul à très court terme que la Flandre fait, alors qu'elle est bien plus menacée par la hausse du niveau des mers que Bruxelles ou la Wallonie. Et si le reste de l'économie mondiale se tourne vers la décarbonation à l'horizon 2050, c'est aussi la compétitivité même de l'économie belge qui pâtira si la Belgique continue à s'accrocher à son manque d'ambition. "Le réchauffement climatique, quels sont finalement ses effets sur la santé ? " Il faut distinguer conséquences directes et indirectes ", considère le Dr Bettina Menne, Programme manager du bureau européen de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). " 150.000 décès enregistrés dans le monde en l'an 2000 étaient dus au changement climatique. Une nouvelle étude de l'OMS indique que ce chiffre devrait s'élever à plus de 250.000 décès par an dans le monde, d'ici 2040. "Lorsque les températures sont plus élevées, les hivers plus doux et les étés plus humides, les zones où certains vecteurs pathogènes (tels que les tiques et les moustiques) peuvent survivre et proliférer s'étendent. Ces insectes peuvent ensuite transmettre des maladies telles que la maladie de Lyme, la dengue et la malaria dans de nouvelles régions dont le climat n'était auparavant pas propice à ces affections. " Certaines maladies vectorielles vont croître à certains endroits, et décroître ailleurs, il faut le dire ", tempère le Pr van Ypersele. " Dans certains domaines, il y a une diminution des zones de prévalence. Mais quand on fait le bilan, on voit très clairement que les zones où il y a un risque majoré pour la santé sont plus importantes. "Malgré l'échec de la Conférence des parties, la Belgique a néanmoins réussi à dépasser les clivages pour rehausser ses ambitions en matière de climat. La commission de la Santé et de l'Environnement de la Chambre a approuvé mi-décembre une proposition de résolution, initiée par les écologistes, avec le soutien d'une large majorité excepté la N-VA qui s'est abstenue. Cette résolution demande que la Belgique rejoigne la "coalition des pays qui plaident pour une hausse immédiate des objectifs de réduction de gaz à effet de serre à l'horizon 2030". À cet effet, la Belgique devrait plaider à l'échelon européen "pour un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de minimum 55% à l'horizon 2030 et de minimum 95% à l'horizon 2050 par rapport aux émissions de 1990". Le texte demande par conséquent que le Plan National Energie Climat soit adapté pour établir une trajectoire et les mesures nécessaires pour la suivre.La Wallonie a déjà emboité le pas. Peu après la résolution fédérale, c'est le parlement régional qui a adopté, à l'unanimité, une proposition de résolution visant à " contribuer à repositionner la Belgique dans une démarche ambitieuse de lutte contre les changements climatiques après le manque d'ambition affiché lors de la COP 24 de Katowice "." Ces dernières années, la Belgique s'est davantage rapprochée des pays climatosceptiques que des ambitieux. Notre pays ne parvient en outre pas à parler d'une seule voix, nous l'avons encore une fois constaté au cours de la COP24 qui vient de s'achever. Il est pourtant essentiel de remettre les enjeux climatiques et les priorités au centre du jeu, et d'adopter des mesures cohérentes et concrètes en ce sens, à tous les niveaux de pouvoir", a commenté Philippe Henry (Écolo).La COP 23, fin 2017, avait déjà accouché d'une souris. Celle de Katowice ne fait pas mieux en 2018. Gageons que cette année, les politiciens s'accorderons sur l'urgence de mener une politique climatique unie et cohérente.