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Pourquoi diable Cuba, qui prétend offrir la meilleure médecine du monde, s'est mis à exporter ainsi ses médecins en particulier au Vénézuela et au Brésil ? Le manque de débouchés dans l'île qui les paie très mal et le chômage important font partie des explications dans le pays de Raul Castro où il n'est pas rare de rencontrer un taximan chirurgien ou ingénieur civil. La dictature politique a également poussé des milliers d'entre eux à fuir pour des raisons politiques. Depuis 2013, les " médecins déserteurs " peuvent revenir au pays alors qu'auparavant, ils étaient interdits de territoire même pour une visite ponctuelle à la famille. Selon le ministère de la Santé, Cuba compterait en tout 85.000 médecins, en ce compris les 50.000 expatriés. Il n'en resterait donc que 35.000 au pays.En fait, depuis plus d'un demi-siècle, Cuba exporte ses services médicaux et ses dizaines de milliers de médecins dans toute l'Amérique latine et même au-delà dans 67 pays dans le monde. L'île les facture 11 milliards de dollars par an, ce qui en fait une source de revenu supérieure au tourisme (3 milliards en 2016).C'est en 2013 que le programme Mais Medicos (plus de médecins) a été mis en place suite aux grandes manifestations contre l'incurie de l'Etat brésilien. Dans le cadre d'un accord signé au sein de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), le Brésil (comme le Vénézuela) propose d'importer des professionnels de soins étrangers pour rencontrer les pénuries de médecins dans les zones reculées de ce vaste pays recouvert aux deuxtiers par l'épaisse forêt tropicale. La moitié de ces professionnels viennent de Cuba. C'est l'OPS qui verse les rémunérations des médecins cubains à l'Etat cubain qui leur en rétrocède seulement une partie. Un médecin généraliste cubain gagne environ 65 dollars par mois à Cuba. Au Brésil, il en perçoit 825 sur les 3.300 dollars que verse le Brésil.C'est un des arguments utilisés par le nouveau président brésilien populiste, Jair Bolsonaro, pour mettre aujourd'hui fin au programme. Le président reproche à Cuba de s'enrichir sur le dos de ses médecins et ne veut pas " engraisser un régime communiste ". Pour Bolsonaro, les médecins cubains seraient " les esclaves du régime cubain ".Le président a donc posé des conditions inacceptables pour Cuba en exigeant des médecins cubains un diplôme brésilien, remettant ainsi en cause de leur compétence. Dans un tweet, Bolsonaro a en effet écrit : " Nous conditionnons la poursuite du programme Mais Medicos à la mise en place d'un examen de compétences, au versement du salaire intégral aux professionnels cubains, aujourd'hui en grande partie destiné à la dictature. "Le président a poussé le bouchon encore plus loin en proposant l'asile politique aux médecins cubains qui souhaiteraient rester. Jair Bolsonaro, qui deviendra le président en exercice en janvier prochain, a également réitéré que les médecins cubains devraient recevoir " l'intégralité de leur salaire " et a critiqué le fait qu'ils ne pouvaient amener leurs familles au Brésil. " Les médecins cubains sont pratiquement soumis à des conditions d'esclavage. Imaginez si on vous obligeait à rester loin de votre famille tout en confisquant 70 % de votre salaire ", a répondu le président à une journaliste.Vexé, le régime cubain a donc décidé d'en rapatrier plus de 11.500, sans préciser si le marché cubain pouvait les accueillir. Selon Cuba, ces médecins soignaient un bassin d'environ 60 millions d'habitants au Brésil. Le ministère cubain de la Santé, depuis août 2013, estime carrément que près de 20.000 médecins cubains ont soigné plus de 113 millions de patients au Brésil.L'association nationale des maires du Brésil (FNP) a exprimé son désarroi, rappelant que près de 80 % des municipalités du pays " dépendent exclusivement du programme pour les soins médicaux et que 90 % de la population indienne est traitée par des professionnels cubains ".Le président élu du Brésil n'a pas entendu ces arguments en affirmant lors d'une rencontre avec le commandant en chef de la Marine de Rio de Janeiro : " Devons-nous vraiment laisser les plus pauvres entre les mains de ces professionnels sans avoir de garantie (sur leurs compétences) ? C'est injuste, c'est inhumain. "200 médecins seraient rentré à La Havane après trois ans de services au Brésil, et 6.000 autres devraient faire de même d'ici Noël, après que Cuba ait décidé de ne plus participer à ce programme.L'Agence cubaine d'information, canal officiel du régime communiste, a précisé que " ces médecins sont arrivés heureux d'avoir rempli pleinement leur mission, mais aussi inquiets pour ce qui attend ce peuple (brésilien) avec le nouveau président élu ".Interrogée par l'AFP, une source diplomatique brésilienne a précisé que le retrait s'effectuerait entre le 24 novembre et le 24 décembre...