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"Nous devons mettre un terme aux suppléments d'honoraires afin que les chambres individuelles deviennent la norme et soient accessibles à tous", déclare Jean Hermesse. Le secrétaire général de la MC estime que les sommes investies dans les assurances hospitalisation pourraient être réinjectées dans le budget des soins de santé obligatoire.Selon le baromètre 2017 de la mutualité - qui analyse douze interventions spécifiques - , les hôpitaux se montrent de plus en plus " créatifs " pour engranger des recettes supplémentaires. " Ils le font essentiellement via les suppléments d'honoraires facturés en chambre individuelle, pointe l'organisme assureur. Pour une hospitalisation classique, ils ont à nouveau augmenté. L'écart du coût à charge du patient ne cesse de se creuser selon qu'il séjourne en chambre double/commune ou en chambre individuelle. Un accouchement en chambre double ou commune coûte en moyenne ainsi 181 euros à la patiente, contre 1.390 euros en chambre individuelle. La pose d'un stent revient en moyenne à 254 euros en chambre double ou commune, alors que la facture atteint la bagatelle de 2.074 euros en chambre individuelle. " La MC constate également une hausse des suppléments d'honoraires facturés en chambre individuelle en hospitalisation de jour. Elle regrette que certaines interventions (par exemple, l'ablation de la vésicule biliaire) ne soient pas réalisées en hospitalisation de jour mais bien en hospitalisation avec une nuitée. "Autre constat regrettable : certains hôpitaux facturent des forfaits pour l'hébergement ou des suppléments de 'confort' au patient, sans que ce dernier n'ait la possibilité d'opter véritablement et explicitement pour ces 'extras', comme la télévision, le téléphone, le wifi ou un frigo dans la chambre."Craignant " des soins de santé à deux vitesses ", la MC plaide, à l'approche des élections, pour une interdiction totale des suppléments d'honoraires en cas d'hospitalisation. Ainsi, "si les suppléments disparaissaient, les assurances hospitalisation ne seraient, en définitive, plus nécessaires. Les sommes ainsi libérées par les assurés et les employeurs pourraient être réinjectées dans l'assurance soins de santé obligatoire. On parviendrait de cette façon à un financement correct et transparent des hôpitaux et des médecins. Le patient a tout à y gagner. Les chambres individuelles deviendraient la norme, sans que personne n'ait à se préoccuper de sa facture d'hôpital. " L'organisme assureur réclame une révision globale du financement des hôpitaux. "On ne peut pas admettre que les hôpitaux se trouvent en difficultés financières. Et les médecins doivent, à juste titre, être correctement rémunérés, Dès lors, la transparence doit être de mise pour mener à bien cet exercice. Or, à ce jour, nous ne savons pas comment les recettes provenant des suppléments d'honoraires sont réparties entre l'hôpital et les médecins hospitaliers. "Dans son baromètre 2017, Solidaris présente, entre autres, l'impact du coût du matériel sur la facture du patient au travers de l'analyse de la facture pour le placement d'une prothèse de genou. "La facture totale liée au placement d'une prothèse de genou se monte en moyenne à 827 euros pour un patient séjournant en chambre commune et à deux lits. Les coûts du matériel s'élèvent à 556 euros et représentent ainsi un poids important dans la facture puisqu'ils comptent pour 2/3 de la facture totale à charge du patient. Le dernier tiers (271 euros) est constitué des coûts liés à d'autres frais tels que les honoraires, les frais de séjour, de médicaments, etc." Solidaris souligne que le coût du matériel ne varie pas selon le statut social du patient. Ce type de coût est donc proportionnellement plus lourd à supporter pour les BIM que pour les autres ayants droits. De même, la catégorie de chambre n'influence pas le coût du matériel. L'organisme assureur socialiste constate des écarts importants entre hôpitaux au niveau du coût du matériel facturé au patient, allant en moyenne de 386 euros dans l'hôpital le moins cher à 726 euros dans l'hôpital le plus cher. " Autrement dit, le matériel peut coûter jusqu'à deux fois plus cher selon l'hôpital ", commente Solidaris. La mutualité demande aux autorités d'augmenter le remboursement du matériel pour les BIM, d'instaurer un "devis " obligatoire pour des interventions programmées et non urgentes ; aux acteurs de se pencher sur les différences de prix du matériel à l'hôpital afin de limiter les coûts pour le patient et aux médecins de respecter les suppléments d'honoraires mentionnés dans le devis. Solidaris estime qu' " il est plus qu'urgent de prendre en considération les suppléments d'honoraires dans toute réforme du financement hospitalier."Vincent Claes