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"En Belgique, le KCE, le Registre du cancer et le Collège d'oncologie mènent depuis plusieurs années un travail de fond pour améliorer la qualité des soins aux patients atteints de cancer ", rappelle le KCE. "Ce travail commence par l'élaboration de recommandations cliniques résumant les connaissances scientifiques (evidence-based) les plus récentes relatives à la prise en charge du cancer étudié. Sur cette base, des " indicateurs de qualité " et des objectifs chiffrés sont définis (par exemple la proportion de patients qui bénéficient d'un certain examen ou d'un certain traitement recommandés), ce qui permet de mesurer la qualité des soins au niveau de chaque hôpital et au niveau national. Lors de l'étape suivante, très importante, chaque hôpital reçoit un rapport individuel de ses résultats (feedback), afin de lui permettre de prendre les mesures correctrices nécessaires. Dans notre pays, de telles initiatives ont déjà été prises pour les cancers du rectum, du sein, des testicules, de l'oesophage, de l'estomac et du poumon."Après avoir publié des recommandations cliniques pour la prise en charge des cancers de la tête et du cou (Rapports 227 et 256), le KCE a élaboré un set de treize indicateurs de qualité, assortis des objectifs chiffrés à atteindre. Les soins prodigués dans les différents hôpitaux ont été évalués à la lumière de ces indicateurs, avec l'aide d'experts de terrain possédant une grande expérience du diagnostic et du traitement de ces cancers.Le KCE indique qu'un an après un diagnostic de cancer de la tête ou du cou, 78% des patients traités en Belgique sont encore en vie, un résultat comparable à celui des pays voisins. Mais après 5 ans, cette proportion chute à 55%, ce qui est juste en dessous de la moyenne pour l'Europe occidentale. La mortalité dans les 30 jours suivant la chirurgie (2,2%) et la radiothérapie (4%) est légèrement plus élevée que dans les autres pays européens.Selon le KCE, les patients atteints d'un cancer de la tête et du cou sont pris en charge de façon très dispersée : entre 2009 et 2014, plus de 9.000 tumeurs (uniques) de la tête ou du cou ont été diagnostiquées et traitées dans 99 hôpitaux différents. La moitié de ces hôpitaux n'ont vu que quatre - voire moins - de ces cas par année. " On constate que les patients traités dans les hôpitaux qui reçoivent plus de 20 cancers de la tête ou du cou par an ont de meilleures chances de survie : 5,1 années versus 4 années dans les hôpitaux qui traitent moins de 20 patients par an ", souligne le KCE. Le centre d'expertise des soins de santé recommande de centraliser l'approche de ces cancers dans des centres de référence, c'est-à-dire des hôpitaux dotés d'une équipe multidisciplinaire disposant d'une expertise suffisante en la matière. "De cette manière, tous les patients atteints d'un cancer de la tête et du cou bénéficieraient des chances maximales de survie. Tout récemment, un tel processus de concentration des soins a été mis en place par nos autorités pour la chirurgie des cancers de l'oesophage et du pancréas, et ce, en accord avec les prestataires de soins eux-mêmes. Il serait souhaitable de suivre la même voie pour la prise en charge multidisciplinaire des tumeurs de la tête et du cou. Une évaluation régulière de la qualité des soins reste absolument nécessaire. "Le KCE estime que sur le plan du diagnostic, il reste encore beaucoup à faire dans notre pays. "Avant leur traitement, seuls 48% des patients à un stade avancé avaient passé un scanner PET-CT du corps entier, alors que ce devrait être le cas pour au moins 90% d'entre eux. Par contre, 23% des patients dont le cancer était au stade précoce ont passé cet examen, alors qu'il n'est pas recommandé dans leur cas. La majorité des patients (83%) ont passé une résonance magnétique (IRM) et / ou un CT-scan avant le début de leur traitement, ce qui est inférieur à l'objectif fixé, qui est de 90%."Et de regretter que certains hôpitaux ne font toujours pas l'effort de transmettre correctement des données cruciales au Registre du cancer."Sur le plan des traitements, les résultats des hôpitaux sont également inférieurs aux objectifs définis en concertation avec les experts de terrain. Par exemple, seuls 48,5% des patients ont terminé leurs séances de radiothérapie dans les 13 semaines suivant l'opération, alors que cela devrait être le cas pour au moins 90% d'entre eux. Parmi les patients à un stade précoce de cancer, seuls 78% ont été traités par monothérapie (chirurgie ou radiothérapie seules), un résultat qui reste juste sous la cible fixée à 80-85%. Parmi ceux de moins de 70 ans avec une tumeur localement avancée non métastatique et recevant une radiothérapie, seuls 58% ont reçu simultanément une chimiothérapie à base de platine, alors qu'ils devraient être au moins 75-80%. Enfin, chez les patients présentant des métastases dans les ganglions lymphatiques, seuls 33% ont bénéficié d'un scanner du cou dans les dix à seize semaines après la fin du premier traitement. Ils devraient être au moins 80%. "V.C.