...

Bien que son livre s'adresse aux femmes, l'auteure aimerait que des messages passent vers les médecins. Car ils sont bien souvent les interlocuteurs (après les copines et internet ? ) lorsque la cinquantaine arrive et que les questionnements sur la ménopause et ses effets se pointent.Marie-Françoise Dispa a, dans la longue carrière de journaliste santé, rencontré une quantité incroyable de médecins, assisté à bon nombre de conférences (de presse). " J'ai entendu des intervenants nous expliquer combien cette période sera terrible à vivre ! J'ai l'impression que les médias, internet, les médecins et même les femmes entre elles nous préparent dès l'enfance à affronter une période qui signe le début de la fin d'une vie agréable. Je pense que le tableau qui nous est dressé est trop négatif, et excessif ! Pour y répondre, j'ai décidé de présenter la ménopause sous un angle plus optimiste. "La journaliste nous apprend ainsi que dans bon nombre de cultures, comme en Afrique ou en Orient, il n'existe même pas de mot pour définir la ménopause. " C'est simplement vécu comme une étape normale de la vie. Dans d'autres cultures, la femme ménopausée est même considérée comme sage et respectée. Au contraire de ce que nous avons vécu au XIXe siècle dans notre pays, où les femmes devaient, dès qu'elles étaient ménopausées, porter un couvre-chef, une 'gamette' pour le signifier au village entier. Aujourd'hui encore, cette période de la vie est considérée comme un passage vers la vieillesse, tellement crainte dans notre société atteinte de jeunisme... "Que pense Marie-Françoise Dispa du rôle des médecins? "Je trouve qu'ils devraient informer les femmes que la ménopause n'est pas le déclenchement d'une maladie chronique qu'elles vont traîner jusqu'à la mort ! Il serait utile d'informer que les femmes peuvent vivre une ménopause sans aucun symptôme. Imaginezvous que lors de la séance de dédicaces à la Foire du Livre, une femme est venue me trouver et m'a dit avoir une peur bleue d'avoir des bouffées de chaleur et autres symptômes classiques de la ménopause. Son médecin lui a dès lors prescrit à titre préventif un traitement hormonal de substitution... Elle n'a aucune idée de ce à quoi ressemble une bouffée de chaleur, mais en a peur. Elle ne laisse même pas la chance à son corps de réagir à sa manière à cette transition. Quand on sait qu'un tiers des femmes n'éprouvent aucun symptôme, qu'un deuxième tiers en souffre mais de manière modérée et supportable, et que seul le troisième tiers de femmes voit sa qualité de vie diminuée du fait des symptômes, il est dommage de donner d'emblée ce traitement. "L'auteure a aussi rencontré bon nombre de médecins qui ont une approche bien différente. Ainsi une gynécologue qui refusait de médicaliser des femmes en bonne santé : en l'absence de symptômes point de traitement. Et si ceux-ci sont modérés, elle plaide pour que les médecins soient bien informés des bienfaits de mesures nettement plus simples. " L'activité physique seule peut réduire de 50 % les bouffées de chaleur ! Ce résultat mérite que l'on s'y attarde et que l'on tente le coup. Les mesures plus légères peuvent être envisagées pour commencer " Et parmi ces mesures simples, elle évoque certaines qui ne raviront certainement pas les médecins les plus attachés à l'" evidencebased medecine ", comme l'acupuncture, l'homéopathie ou l'aromathérapie. " Évidemment, ces méthodes ne sont pas toutes prouvées scientifiquement. Mais nous parlons ici de troubles, et non pas de maladie. Si ces méthodes ont un effet et peuvent améliorer la qualité de vie des femmes, pourquoi ne pas les tenter ? Nous ne parlons pas de traitements alternatifs au cancer, qui mettraient les patients en danger ! Et s'ils ne sont pas efficaces, il reste la THS. "Car la journaliste ne tient certainement pas à discréditer les traitements hormonaux de substitution, nécessaires lorsque la femme doit endurer des symptômes qui l'empêchent de vivre une vie normale ou qu'elle a du mal à supporter. " Ces traitements sont alors tout à fait nécessaires, avec un bon suivi et dans une période limitée dans le temps, en tout cas jusqu'à ce que les symptômes disparaissent. Pour cela, les médecins ne doivent pas hésiter à initier la discussion, inciter les femmes à être à l'écoute de ce qu'elles ressentent, à évaluer l'impact des éventuels symptômes sur leur qualité de vie. Les rassurer sur le fait qu'elles peuvent n'en avoir aucun, aussi ! Car les femmes sont conditionnées au fait qu'elles vont devoir subir ces troubles. Recevoir cette information rassurante est important pour les femmes qui ont peur de la ménopause... " Et si la nécessité s'en fait ressentir, bien informer les femmes sur les traitements possibles. L'information reste donc le maître-mot.