Cela signifie-t-il qu'il faut négliger la génération actuelle de fumeurs, et la considérer comme une " génération perdue " pour laquelle il est inutile de vouloir réduire les risques ? Je ne le pense pas, mais vous pouvez vous faire votre propre opinion. L'enquête belge sur le tabac donne des chiffres sur les intentions des fumeurs d'arrêter de fumer et sur l'utilisation d'e-cigarettes ; ils brossent ainsi un tableau de l'évolution en cours.

La génération sans tabac est née !

Le 16 janvier, l'Alliance pour une Société sans Tabac fêtait la naissance des premiers bébés de la " génération sans tabac ". C'est en effet cette année que sont nés, dans notre pays, les premiers enfants qui grandiront - ou dirions-nous devraient pouvoir grandir - dans un monde sans tabac. A condition que fumeurs et non-fumeurs mettent tout en oeuvre pour leur offrir un environnement plus sain.

Que pense la population de Générations sans Tabac ?

En 2018, la Fondation contre le Cancer a réalisé une enquête sur le tabac1. Elle a recensé 22 % de fumeurs, dont 17 % de fumeurs quotidiens. Il ressort également de cette enquête que la grande majorité des Belges (93 %) estiment qu'il est important d'avoir le droit de grandir dans un environnement sans tabac. Si 61 % des Belges pensent qu'il est possible, à terme, de créer une génération sans tabac, l'optimisme est particulièrement marqué chez les non-fumeurs (65 %), en Wallonie (70 %) et les 25-34 ans (67 %).

Une intention d'arrêter plus forte chez les 25-34 ans

La majorité des fumeurs (73 %) regrettent de fumer et 74 % des fumeurs ne veulent pas que leurs enfants commencent à fumer. 66 % des fumeurs souhaitent arrêter de fumer : 43 % dans le courant de l'année et 23 % à plus long terme. Si nous observons les résultats en fonction des différents groupes d'âge, nous constatons que les jeunes de 18 à 24 ans sont les plus enclins à postposer le sevrage. C'est dans les groupes des 25-34 ans, souvent des personnes souhaitant avoir un enfant ou des jeunes parents, que la volonté de sevrage est la plus tangible (77 %). 50 % envisagent même un sevrage dans l'année.

La cigarette électronique particulièrement appréciée chez les 25-34 ans

La cigarette électronique gagne en popularité. 32 % des fumeurs ont eu recours à la cigarette électronique en 2018. Elle est particulièrement appréciée par les 25-34 ans (46 %), tandis que les fumeurs de plus de 55 ans se montrent plutôt réticents (18% l'utilisent).

Au sein du groupe des personnes qui fument au moins une fois par semaine la cigarette électronique, 58 % n'ont pas fait la transition complète : plus de la moitié d'entre eux combinent la cigarette électronique avec d'autres produits du tabac, ce qui est dommage, car l'impact positif sur la santé reste donc faible.

Une génération sans cigarette ou une génération sans nicotine ?

La nicotine affecte grandement le cerveau. Toute femme qui fume ou vapote pendant sa grossesse active déjà les récepteurs à la nicotine de son bébé. C'est ainsi que les enfants nés d'une mère qui fumait ou vapotait pendant sa grossesse peuvent présenter des symptômes de sevrage à la naissance et deviendront plus rapidement dépendants s'ils font un jour l'expérience du tabagisme. Les jeunes dépendants à la nicotine courent par ailleurs davantage de risques d'autres dépendances (alcool2 et drogue). Toutes les campagnes visant à protéger les enfants de la nicotine, avant et après la naissance, sont plus que bienvenues. Alors oui, signons des deux mains pour des générations sans nicotine et conseillons aux jeunes femmes qui désirent un enfant d'arrêter de fumer (tabagisme classique) ou de vapoter (cigarette électronique) avant la grossesse.

Quel rôle pour la cigarette électronique ?

Certes, la cigarette électronique est beaucoup moins nocive que la cigarette classique : si les fumeurs passaient complètement à la cigarette électronique, l'impact sur leur santé serait donc positif. " Générations sans tabac " ou les autres campagnes ne doivent donc pas avoir pour effet de décourager les fumeurs adultes à utiliser l'e-cigarette dans un but de sevrage ou pour réduire les risques. D'après moi, la cigarette électronique mérite sa place dans la vie de nombreux fumeurs qui cherchent une alternative plus sûre pour leur santé. Il semble que le groupe des fumeurs de 25-34 ans, celui des personnes souhaitant avoir un enfant ou des jeunes parents ainsi que le groupe des personnes les plus demandeuses d'un sevrage, n'excluent pas l'option de l'e-cigarette. Mais entendons-nous bien : passer au vapotage, d'accord... mais pas devant les enfants ! Vous viendrait-il à l'idée de traverser la rue lorsque le feu est rouge alors que des enfants attendent sagement qu'il passe au vert ?

Références :

1. https://www.kanker.be/sites/default/files/rapport_3_rookenquete_2018_-_def_0.pdf

2. https://www.cell.com/cell-reports/fulltext/S2211-1247(18)30372-3?_returnURL=https%3A%2F%

3. Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS2211124718303723%3Fshowall%3Dtrue

A propos de l'Alliance pour une Société sans Tabac

L'Alliance pour une Société sans Tabac, l'organisation à l'origine de Générations sans Tabac, est une initiative commune de la Fondation contre le Cancer, Kom op tegen Kanker, la Ligue cardiologique belge, le Fonds des affections respiratoires (Fares), le Service d'étude et de prévention du tabagisme (SEPT), l'Observatoire de la Santé du Hainaut, l'Institut flamand pour une vie saine, l'Association flamande pour les soins de santé respiratoires et la défense contre la tuberculose (VRGT) et la Gezinsbond (Ligue des familles flamande). Des dizaines d'organisations de la santé et d'associations médicales ont signé une charte dans laquelle elles s'engagent à travailler avec leurs membres pour faire de Générations sans Tabac une réalité.

Cela signifie-t-il qu'il faut négliger la génération actuelle de fumeurs, et la considérer comme une " génération perdue " pour laquelle il est inutile de vouloir réduire les risques ? Je ne le pense pas, mais vous pouvez vous faire votre propre opinion. L'enquête belge sur le tabac donne des chiffres sur les intentions des fumeurs d'arrêter de fumer et sur l'utilisation d'e-cigarettes ; ils brossent ainsi un tableau de l'évolution en cours.La génération sans tabac est née !Le 16 janvier, l'Alliance pour une Société sans Tabac fêtait la naissance des premiers bébés de la " génération sans tabac ". C'est en effet cette année que sont nés, dans notre pays, les premiers enfants qui grandiront - ou dirions-nous devraient pouvoir grandir - dans un monde sans tabac. A condition que fumeurs et non-fumeurs mettent tout en oeuvre pour leur offrir un environnement plus sain.Que pense la population de Générations sans Tabac ?En 2018, la Fondation contre le Cancer a réalisé une enquête sur le tabac1. Elle a recensé 22 % de fumeurs, dont 17 % de fumeurs quotidiens. Il ressort également de cette enquête que la grande majorité des Belges (93 %) estiment qu'il est important d'avoir le droit de grandir dans un environnement sans tabac. Si 61 % des Belges pensent qu'il est possible, à terme, de créer une génération sans tabac, l'optimisme est particulièrement marqué chez les non-fumeurs (65 %), en Wallonie (70 %) et les 25-34 ans (67 %).Une intention d'arrêter plus forte chez les 25-34 ansLa majorité des fumeurs (73 %) regrettent de fumer et 74 % des fumeurs ne veulent pas que leurs enfants commencent à fumer. 66 % des fumeurs souhaitent arrêter de fumer : 43 % dans le courant de l'année et 23 % à plus long terme. Si nous observons les résultats en fonction des différents groupes d'âge, nous constatons que les jeunes de 18 à 24 ans sont les plus enclins à postposer le sevrage. C'est dans les groupes des 25-34 ans, souvent des personnes souhaitant avoir un enfant ou des jeunes parents, que la volonté de sevrage est la plus tangible (77 %). 50 % envisagent même un sevrage dans l'année.La cigarette électronique particulièrement appréciée chez les 25-34 ansLa cigarette électronique gagne en popularité. 32 % des fumeurs ont eu recours à la cigarette électronique en 2018. Elle est particulièrement appréciée par les 25-34 ans (46 %), tandis que les fumeurs de plus de 55 ans se montrent plutôt réticents (18% l'utilisent).Au sein du groupe des personnes qui fument au moins une fois par semaine la cigarette électronique, 58 % n'ont pas fait la transition complète : plus de la moitié d'entre eux combinent la cigarette électronique avec d'autres produits du tabac, ce qui est dommage, car l'impact positif sur la santé reste donc faible.Une génération sans cigarette ou une génération sans nicotine ?La nicotine affecte grandement le cerveau. Toute femme qui fume ou vapote pendant sa grossesse active déjà les récepteurs à la nicotine de son bébé. C'est ainsi que les enfants nés d'une mère qui fumait ou vapotait pendant sa grossesse peuvent présenter des symptômes de sevrage à la naissance et deviendront plus rapidement dépendants s'ils font un jour l'expérience du tabagisme. Les jeunes dépendants à la nicotine courent par ailleurs davantage de risques d'autres dépendances (alcool2 et drogue). Toutes les campagnes visant à protéger les enfants de la nicotine, avant et après la naissance, sont plus que bienvenues. Alors oui, signons des deux mains pour des générations sans nicotine et conseillons aux jeunes femmes qui désirent un enfant d'arrêter de fumer (tabagisme classique) ou de vapoter (cigarette électronique) avant la grossesse.Quel rôle pour la cigarette électronique ?Certes, la cigarette électronique est beaucoup moins nocive que la cigarette classique : si les fumeurs passaient complètement à la cigarette électronique, l'impact sur leur santé serait donc positif. " Générations sans tabac " ou les autres campagnes ne doivent donc pas avoir pour effet de décourager les fumeurs adultes à utiliser l'e-cigarette dans un but de sevrage ou pour réduire les risques. D'après moi, la cigarette électronique mérite sa place dans la vie de nombreux fumeurs qui cherchent une alternative plus sûre pour leur santé. Il semble que le groupe des fumeurs de 25-34 ans, celui des personnes souhaitant avoir un enfant ou des jeunes parents ainsi que le groupe des personnes les plus demandeuses d'un sevrage, n'excluent pas l'option de l'e-cigarette. Mais entendons-nous bien : passer au vapotage, d'accord... mais pas devant les enfants ! Vous viendrait-il à l'idée de traverser la rue lorsque le feu est rouge alors que des enfants attendent sagement qu'il passe au vert ?Références :1. https://www.kanker.be/sites/default/files/rapport_3_rookenquete_2018_-_def_0.pdf2. https://www.cell.com/cell-reports/fulltext/S2211-1247(18)30372-3?_returnURL=https%3A%2F%3. Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS2211124718303723%3Fshowall%3Dtrue