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"Cette exclusion est d'autant plus intolérable et irrationnelle qu'aujourd'hui, il existe un consensus scientifique international sur le fait qu'une personne séropositive ayant une charge virale indétectable ne transmet plus le VIH ", soutient la plate-forme. "Il n'y a pas de transmission du VIH Lorsqu'une personne séropositive -suit un traitement, -prend correctement ce traitement (respects des doses, régularité des prises, avec ou sans repas...), -fait des bilans réguliers, sa charge virale devient indétectable lors de la prise de sang, et cela endéans les six mois après le début du traitement. Dès lors, le risque qu'elle transmette le virus du VIH par voie sexuelle est supprimé, quelles que soient les pratiques (rapports vaginaux, anaux, oraux).""En 2018, on peut affirmer qu'une personne qui est traitée, qui est suivie médicalement et qui maintient le virus indétectable dans son sang ne transmet plus l'infection par le virus du sida", explique le Pr Jean-Christophe Goffard, Centre de référence sida de l'hôpital Erasme-ULB (voir vidéo).La Plate-forme prévention sida constate que cette information "indétectable = intransmissible " est peu connue du grand public, mais aussi de certaines personnes vivant avec le VIH. "Il est important de changer l'image des personnes vivant avec le VIH en informant le grand public qu'une personne séropositive sous traitement, qui a une charge virale indétectable, ne transmet plus le VIH. Ceci contribuera certainement à lutter contre la peur irrationnelle, le tabou et le rejet face au VIH. Ensuite, pour une personne vivant avec le VIH, savoir qu'elle ne transmet plus le virus est en effet une révolution. Sans crainte de transmettre le VIH à son/sa/ses partenaires, elle peut retrouver une vie sexuelle plus épanouie, faire de nouvelles rencontres, envisager sans peur de nouveaux projets de vie", souligneThierry Martin, directeur de la plate-forme prévention sida.Par ailleurs, la plate-forme annonce que depuis quelques années, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH est en diminution dans notre pays. Ces chiffres restent néanmoins élevés en Belgique. "En 2017, 890 personnes ont appris qu'elles étaient porteuses du VIH, soit en moyenne 2,4 nouveaux cas par jour. Le nombre de personnes vivant avec le VIH en Belgique en 2017 est estimé à 18.908 personnes, soit 1,7 personne pour 1.000 habitants."La légère baisse observée en 2017 concerne les deux publics les plus concernés par le VIH ; à savoir les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (diminution de 34% comparée à 2013) et les hommes et les femmes hétérosexuels provenant d'Afrique sub-saharienne (diminution de 44% chez les hommes et 61% chez les femmes, par rapport à 2012) alors que le nombre de tests de dépistage est relativement stable.48% des nouveaux diagnostics concernent les hétérosexuels, dont une majorité de personnes originaires d'Afrique subsaharienne. Les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes représentent quant à eux 49 % des nouvelles infections enregistrées.La transmission lors de l'utilisation de drogues par voie intraveineuse est rarement rapportée, avec seulement 1% des diagnostics en 2017.La plate-forme constate que les diagnostics tardifs demeurent fréquents : 36% des nouvelles infections ont été diagnostiquées tardivement. Plus chez les hétérosexuels (46%) que chez les homosexuels (27%)."Grâce à une mise sous traitement précoce et à un bon suivi médical, 97% des personnes dépistées ont une charge virale (quantité de virus dans le sang) indétectable", note la plate-forme.Sciensano estime, qu'en Belgique, 2.059 personnes vivant avec le VIH n'ont pas été diagnostiquées et ne se savent donc pas porteuses de l'infection. Or, ce sont elles majoritairement qui infectent d'autres personnes sans le savoir.Pour la plate-forme, il est dès lors prioritaire de concentrer les efforts de prévention sur ces personnes séropositives qui s'ignorent en renforçant l'accès au dépistage. "Pour ce faire, il importe de renforcer les alternatives au dépistage traditionnel réalisé chez le médecin, en favorisant notamment le dépistage anonyme et gratuit. Le dépistage démédicalisé et décentralisé, autorisé légalement depuis septembre 2018, va également dans ce sens : il est réalisé par les associations de terrain proches des publics cibles. À l'heure où l'on sait qu'un traitement adéquat permet de rendre le virus indétectable et intransmissible, il importe en effet de ne plus laisser les personnes ignorant leur statut VIH passer entre les mailles du filet du dépistage. "V.C.