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Et maintenant, on fait quoi ? Il y a plusieurs hypothèses. Au moment d'écrire ces lignes, Theresa May maintient sa volonté d' " honorer la décision prise par le peuple lors du référendum ". Elle n'a donc pas démissionné. Mais gardera-t-elle la confiance des députés ? Tout porte à le croire, mais on n'est jamais à l'abri d'une surprise. Un second référendum est donc possible, mais peu probable. Même constat pour un report du Brexit : " un report de la date du Brexit prévue le 29 mars n'est pas absolument nécessaire ", a déclaré un porte-parole du gouvernement britannique.Reste alors deux possibilités. " Si l'accord entre May et l'UE est approuvé (le plan B, ndlr), on passera dans une phase transitoire jusqu'au 31 décembre 2020, période pendant laquelle un modus vivendi sera négocié entre l'Union européenne et la Grande-Bretagne ", explique Christian Horemans, expert affaires internationales aux Mutualités libres. " Les règles européennes resteront d'application pour le citoyen. Par contre, si l'accord n'est pas approuvé, alors on est dans le scénario du no deal. " Un scénario plus que probable pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. " Le risque d'un Brexit sans accord s'est accru. "Quid alors si le no deal ou hard Brexit venait à se matérialiser le 29 mars ? " Dans ce cas, il y aurait un impact sur les soins de santé ", explique Christian Horemans, qui cite quelques exemples. " Il n'y aurait plus de possibilité d'utiliser la carte européenne d'assurance maladie, ni de possibilité de soins programmés dans cadre de la réglementation européenne. La reconnaissance réciproque des prescriptions médicales ne serait plus d'application. Enfin, la Grande-Bretagne ne devrait plus prévoir le numéro 112 européen pour les urgences. "La Commission européenne a heureusement prévu le coup. Dans une " note sur la circulation des personnes entre l'Union européenne et le Royaume-Uni suivant le retrait du Royaume-Uni de l'UE ", datant de novembre 20181, elle propose quelques clés de compréhension à la fois pour les voyageurs européens à destination de l'île ainsi qu'aux quelque trois millions et demi d'Européens installés au Royaume-Uni.Qui dit sortir de l'Europe dit sortir de l'espace Schengen. Les contrôles à l'entrée à la sortie de l'île seront dans ce cas d'application, avec son lot de formalités douanières. La TVA, le transport de certains biens (pas de médicaments, heureusement) ou encore l'usage des véhicules automobiles seraient redéfinis.Concernant la santé, l'UE prévoit l'accès aux soins de santé pendant le séjour temporaire à l'étranger basé sur la carte européenne d'assurance maladie ou, pour les traitements planifiés, sur autorisation préalable de l'institution compétente concernée (par exemple, l'institution auprès de laquelle la personne concernée est assurée). Les coûts de ces soins de santé sont remboursés entre les institutions compétentes des États membres concernés.À partir du 30 mars, en cas de no deal, ces règles ne s'appliqueront plus vis-à-vis du Royaume-Uni. L'accès aux soins sera plus complexe. Cela concerne tant les soins imprévus, planifiés, que transfrontaliers. En outre, le remboursement des soins ne sera pas assuré, à moins de souscrire à une assurance privée.L'UE oblige également les États membres à reconnaître les prescriptions médicales transfrontalières pour les médicaments ou les dispositifs médicaux délivrés dans un autre État membre. Une ordonnance médicale délivrée au Royaume-Uni ne sera plus reconnue au sein de l'UE à partir du 29 mars.Enfin, l'UE oblige les États membres à garantir numéro d'urgence européen gratuit : le 112. Un numéro d'appel que ne devra plus mettre en oeuvre le Royaume-Uni après le 29 mars, même si l'on a difficile à croire que l'île puisse se passer d'un numéro d'appel d'urgence. Mais sera-t-il gratuit ? Ce n'est pas certain.En Belgique, le médecin verra peut-être un retard dans l'arrivée de certains médicaments ou de vaccins, le Royaume-Uni étant un grand importateur et exportateur de denrées pharmaceutiques.Au Royaume-Uni, le contingent de médecins issus du continent s'élève à 5%. Un chiffre qui pourrait bien diminuer en cas de no deal, comme le prévoit la British Medical Association. Selon une récente étude, plus d'un tiers des médecins de l'UE envisagent de quitter le Royaume-Uni en raison du Brexit.Le NHS sera également impacté. " L'argent de la Grande-Bretagne qui allait à l'Europe ira au National Health Service ", clamait un slogan de la campagne référendaire. Dans les faits, cela sera plus compliqué, mais Theresa May a tout de même affirmé l'été dernier que le budget du NHS augmenterait de 20 milliards de livres d'ici 2023, en partie financé par le dividende du Brexit. Un dividende bien maigre, voire négative puisque la BBC estime que le divorce entre l'île britannique et le continent européen coûterait quelque 39 milliards de livres sterling au Royaume-Uni.Laurent Zanella1. https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/brexit_files/info_site/travelling.pdf