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Quelle est la meilleure façon de traiter l'obésité? Comment faire infléchir la courbe croissante du nombre d'obèses dans le monde et plus spécifiquement en Belgique? Comment allouer le plus judicieusement possible les moyens financiers à cette lutte? Devant l'ampleur de la tâche à accomplir, un véritable changement de paradigme semble s'imposer.Pour répondre à ce défi, les Cliniques de l'Europe ont mis au point un programme de prise en charge multidisciplinaire: leur Obesity Centre Brussels offre aux patients un accueil personnalisé par une équipe composée d'un psychiatre ou d'un psychologue clinicien, d'un diététicien, d'un endocrinologue et d'un chirurgien. Le traitement proposé combine ainsi une thérapie comportementale, un régime adapté et un traitement médical, complété, dans les cas les plus graves, d'une intervention chirurgicale (sleeve, anneau ou bypass gastriques).Chaque patient reçoit un accompagnement psychologique individuel et adapté à sa situation, " parce qu'il existe autant de types d'obésité que de personnes en surpoids ", expliquent les responsables du Centre. " Il est crucial d'avoir une idée claire de la motivation du patient. Nous évaluons les différents facteurs qui peuvent aussi bien l'empêcher que le soutenir à changer sa situation. L'objectif de l'accompagnement psychologique est avant tout d'apporter un regard positif sur l'avenir "." Sommes-nous sur le bon chemin dans le traitement de l'obésité ? ", s'interroge le Dr Marc Vertruyen, chirurgien aux Cliniques de l'Europe. " Ne dérivons-nous pas vers le n'importe quoi à l'américaine ? " A l'instar de ce bouton de vidange gastrique, approuvé par la FDA, affleurant à la surface du ventre et permettant de " vider " l'estomac directement dans les toilettes!L'équipe du Centre de l'obésité a organisé une table ronde à laquelle a participé la ministre Maggie De Block. Elle a rappelé que, dans l'obésité, la chirurgie doit rester l'ultime solution. "Or, on constate que les dépenses de l'Inami pour la chirurgie bariatrique sont en constante augmentation. Le KCE réalise actuellement une étude sur l'organisation et le financement optimal des soins bariatriques (efficacité clinique, sécurité et rapport coût/efficacité). Ses conclusions serviront à établir des recommandations et à revoir éventuellement les critères de remboursement." Plus globalement, elle a déploré le manque de prévention visant notamment les enfants et leurs parents, un domaine qui n'est pas de sa compétence.Pour le Dr Danielle Moens, médecin généraliste et nutritionniste (SSMG), la modification du mode de vie est le seul moyen pour lutter contre l'épidémie d'obésité. Elle a souligné le rôle central du MG dans la prévention: " Le message minimal n°1 à donner est que l'assiette doit se composer d'une moitié de légumes, d'un quart de viande ou poisson et d'un quart de féculents. Il faut manger plus de fruits et légumes, prendre suffisamment de laitages, préférer les glucides complexes, faire plus d'activité physique et surtout, éviter les régimes restrictifs! Le message minimal n°2 est de diminuer les graisses saturées, l'alcool et le sel. Il faut faire la chasse aux idées reçues et à la simplification des messages." " Sans oublier les carences fréquentes malgré l'abondance ", souligne la nutritionniste, " : vitamines D, vitamines du groupe B, fer et acides gras essentiels. Enfin, on sera également attentif à la dénutrition du patient obèse qui peut être liée à la précarité sociale, aux pathologies digestives chroniques, aux troubles de la mastication, de la déglutition et du comportement alimentaire, aux régimes restrictifs répétés, à la sédentarité importante, aux suites de la chirurgie bariatrique..."" Une étude anglaise a montré que si les médecins traitants ont une formation et le support des psychologues, des diététiciens etc, ils peuvent avoir de très bons résultats dans leur cabinet, parce que, pour nous, la chirurgie c'est un échec ", précise le Dr Yannick Nijs, chirurgien digestif. " C'est un peu bizarre de dire ça, mais face à cette épidémie globale, il faut trouver des solutions. Tous les deux ans, le nombre d'interventions de chirurgie bariatrique double!"D'où l'idée de la formation " Il est temps d'agir " qui instaure un programme transversal entre le milieu hospitalier et les MG, dans l'objectif de créer un partenariat, d'améliorer la communication.Divisée en trois modules répartis sur un an, elle est gratuite et sanctionnée par un certificat. Le premier module concerne l'obésité en général: épidémiologie, prises en charge chirurgicales et non chirurgicales, et après chirurgie (chiffres clés, complications et inconfort). Le 2e est axé sur les périodes péri- et post-opératoires: prise en charge et suivi du patient (complications et carences). Le dernier est centré sur l'Obesity Center, la prise en charge globale et personnelle et la place du médecin généraliste. " Ces modules nous permettront de discuter ensemble de la meilleure prise en charge ", assure le Dr Nijs. "Les MG seront formés au conseil alimentaire, à la psychologie..."" N'est-ce pas aussi le rôle de l'hôpital de prendre soin de la santé de la population dont il est responsable? ", s'est interrogé Peter Fontaine, directeur des Cliniques de l'Europe. "It's Time to Act on Obesity & Type 2 Diabetes ", est l'une des réponses que ces dernières apportent aujourd'hui au défi de l'obésité.Martine Versonnewww.traitement-obesite.be